Un collectif d’enseignants de géographie alerte, dans une tribune au « Monde », sur les manquements des nouveaux programmes scolaires, jugés obsolètes tant dans leur contenu scientifique que dans leur approche pédagogique.
Les nouveaux programmes scolaires réduisent la géographie à une discipline descriptive fondée sur des repères à mémoriser, véhiculant une vision imposée du monde au détriment de la formation d’une pensée autonome chez les élèves.
En primaire, le projet marque un retour à une géographie « inventaire du monde », tandis qu’au collège l’étude descriptive de trois continents fait figure d’héritage obsolète, aussi répétitif que lassant. Le texte insiste sur une transmission verticale, centrée sur la parole de l’enseignant et organisée par de grandes questions qui semblent avoir pour unique fonction de dérouler un contenu prédéterminé. Il néglige l’importance de la construction des savoirs par les élèves eux-mêmes, pour des apprentissages qui soient significatifs à leurs yeux tout en étant scientifiquement fondés. Répétées inlassablement, les listes de repères n’ont pas de lien avec le traitement des thèmes proposés. La liste hétéroclite de mots-clés à mémoriser comporte autant d’éléments de vocabulaire du quotidien que d’indicateurs, comme le PIB [produit intérieur brut] ou l’IDH [indice de développement humain], dont l’intérêt n’est pas questionné. Les outils de pensée de la discipline et les grands concepts géographiques sont, pour leur part, relégués au second plan, symptôme d’une certaine fragmentation des savoirs.
Marketing territorial
Le questionnement géographique est certes mentionné, mais sans explicitation des raisonnements qu’il induit. L’articulation des échelles et la prise en compte des acteurs sont discrètes. Les enseignements en classe de CM1 et de CM2 privilégient l’échelle mondiale, au détriment des pratiques spatiales locales, pourtant essentielles pour comprendre le territoire. Les savoirs d’expérience sont considérés « dans la mesure du possible », en dépit des recherches qui en montrent l’importance. Les démarches propres à la géographie ne sont guère précisées : on ne sait ni comment...
Signataires :
- Corentin Babin, certifié, doctorant, ESO UMR 6590, université Caen Normandie
- David Bédouret, Maître de conférences en géographie, INSPE Toulouse Occitanie-Pyrénées / UT2J, Directeur du Laboratoire Géode - UMR CNRS 5602
- Céline Behr, agrégée et doctorante au LDAR, Université Paris Cité
- Benoit Bunnik, agrégé, docteur en géographie, INSPE de Corse, laboratoire UMR 6240 Corte
- Cyrille Chopin, agrégé et doctorant au LDAR, Université Paris Cité
- Pierre Colin, Maître de conférences en sciences de l’éducation et de la formation, INSPÉ de l’académie de Versailles, Laboratoire ÉMA (École, Mutations, Apprentissages), CY Cergy Paris Université
- Sylvie Considère, Maîtresse de conférences HDR didactique de la Géographie, INSPE Lille-Hauts-de-France, CIREL - Université de Lille
- Karine Férol, agrégée et doctorante au LDAR, Université Paris Cité
- Elsa Filâtre, Maîtresse de conférences en didactique de la géographie, INSPE Toulouse Occitanie-Pyrénées, GEODE UMR 5602, Co-directrice Mention 1
- Sylvain Genevois, Maître de conférences en géographie, Université de la Réunion, Inspé, Institut Coopératif Austral de Recherche en Éducation (ICARE)
- Patricia Grondin, certifiée et doctorante à Institut Coopératif Austral de Recherche en Éducation (ICARE), formatrice, Université de la Réunion, Inspé
- Magali Hardouin, Maîtresse de Conférences Hors Classe - HDR à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO)/INSPE de Bretagne, Chercheure UMR CNRS 6590 - Espaces et sociétés (ESO) - Université Rennes 2
- Frédérique Jacob, Maître de conférences en Géographie, Université de Lille, ULR 4354, CIREL - INSPE - Lille Hauts de France
- Guilhem Labinal, Maître de conférences HDR, INSPÉ de l’académie de Versailles, Laboratoire ÉMA (École, Mutations, Apprentissages), CY Cergy Paris Université, Chercheur associé à l’UMR 8504 Géographie-cités, CNRS (E.H.GO)
- Aurore Lecomte, maîtresse de conférences en didactique de la géographie, laboratoire ACTé, Inspé, Université Clermont- Auvergne
- Caroline Leininger-Frézal, professeure des universités, LDAR, Université Paris Cité
- Julie Maurice, certifiée et doctorante au LDAR, Université Paris Cité
- Cédric Naudet, Maître de conférences en sciences de l’éducation et de la formation, CIRCEF-ESCOL, Université Paris-Est Créteil, Inspé.
- Eliane Perrin, docteure en géographie, chercheuse associée au LDAR, Université Paris Cité
- Jean-François Thémines, professeur des universités en géographie, Université de Caen Normandie, INSPE Normandie Caen - Espaces et Sociétés (ESO) UMR 6590.
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