Cora Cohen-Azria, Marie-Pierre Chopin, Denise Orange-Ravachol (dir)
Presses Universitaires du Septentrion, 2016, 263 p, 24 euros
CR d'ouvrage par Xavier Leroux, 27 août 2017
Quatrième volet d’une série consacrée aux méthodes de recherche en
didactiques, cet ouvrage dirigé par Cora Cohen-Azria (Université de
Lille 3), Marie-Pierre Chopin (Université de Bordeaux) et Denise
Orange-Ravachol (Université de Lille 3) rassemble les contributions
présentées lors du séminaire international sur le sujet tenu à
l’université de Lille 3 en 2014.
La thématique retenue sur l’espace interroge naturellement les géographes (dont on note la présence au travers de textes de Jean-François Thémines et Anne-Laure Le Guern, Thierry Philippot et Anne Glaudel ainsi que François Audigier pour une conclusion de partie) qui trouveront ici de nouvelles sources d’inspiration en didactique de par les apports des autres disciplines qui leur empruntent également.
L’un des volets importants débattu dans l’ouvrage tient aux définitions mêmes de l’espace. Souvent employé métaphoriquement, avec ajouts d’adjectifs (social, cognitif…) mais occultant parfois le contexte, l’espace prend légitimement appui sur l’outillage conceptuel proposé par les géographes habitués à le manier. Pour le rendre opératoire, dynamique, dans le cadre des différentes didactiques, il est souvent question de tendre vers un usage complémentaire de sa dimension absolue (la position) et de sa dimension relative (distance et relation).
Se pose ensuite la question des échelles et des terrains d’analyse. La très classique micro-échelle de la classe, typique du didactique, doit s’accompagner d’un regard sur le « hors classe » et là, les exemples ne manquent pas : lieu d’éducation associé, ingénierie didactique pour le développement, classe transplantée, domicile (pour la préparation du travail), sortie au musée, le trajet lui-même, les communautés virtuelles d’enseignants comme les forums...même si ce foisonnement peut se voir entravé par des contextes fermés, des accès aux sources délicats ou encore des cloisonnements de mondes professionnels (malgré parfois la proximité spatiale). Il est dommage, concernant ce dernier point, de voir (page 88) une figure évoquant l’espace interinstitutionnel de la recherche et de la formation où les intersections entre formateurs et chercheurs et formateurs et enseignants sont apparentes mais pas les intersections directes entre chercheurs et enseignants comme si le passage par les formateurs était une condition nécessaire pour que chercheurs et enseignants communiquent ensemble. Mais l’institution nous y contraint.
L’espace est aussi questionné en regard de la temporalité, objet suscitant un intérêt croissant chez les géographes. Les diverses échelles du chronologique sont aisément manipulables mais on ne peut pas investiguer tous les espaces. En regard de la chronogenèse, la topogénèse existe mais quid de sa réelle application à divers espaces une fois passé le cadre strict de sa définition ? La carte mentale offre des possibilités intéressantes de structuration plus souple par l’espace que par le biais de la lecture chronologique. Toujours à la croisée, l’usage des films, des photographies permet d’allier les deux dimensions pour saisir le déroulement d’un parcours, les déplacements dans l’espace, la spatialité d’échanges verbaux, le regard sur les arrière-plans…
Un enrichissant mélange permettant le dialogue sur ce concept essentiel de la géographie, des didactiques et plus encore de la didactique de la géographie.
La thématique retenue sur l’espace interroge naturellement les géographes (dont on note la présence au travers de textes de Jean-François Thémines et Anne-Laure Le Guern, Thierry Philippot et Anne Glaudel ainsi que François Audigier pour une conclusion de partie) qui trouveront ici de nouvelles sources d’inspiration en didactique de par les apports des autres disciplines qui leur empruntent également.
L’un des volets importants débattu dans l’ouvrage tient aux définitions mêmes de l’espace. Souvent employé métaphoriquement, avec ajouts d’adjectifs (social, cognitif…) mais occultant parfois le contexte, l’espace prend légitimement appui sur l’outillage conceptuel proposé par les géographes habitués à le manier. Pour le rendre opératoire, dynamique, dans le cadre des différentes didactiques, il est souvent question de tendre vers un usage complémentaire de sa dimension absolue (la position) et de sa dimension relative (distance et relation).
Se pose ensuite la question des échelles et des terrains d’analyse. La très classique micro-échelle de la classe, typique du didactique, doit s’accompagner d’un regard sur le « hors classe » et là, les exemples ne manquent pas : lieu d’éducation associé, ingénierie didactique pour le développement, classe transplantée, domicile (pour la préparation du travail), sortie au musée, le trajet lui-même, les communautés virtuelles d’enseignants comme les forums...même si ce foisonnement peut se voir entravé par des contextes fermés, des accès aux sources délicats ou encore des cloisonnements de mondes professionnels (malgré parfois la proximité spatiale). Il est dommage, concernant ce dernier point, de voir (page 88) une figure évoquant l’espace interinstitutionnel de la recherche et de la formation où les intersections entre formateurs et chercheurs et formateurs et enseignants sont apparentes mais pas les intersections directes entre chercheurs et enseignants comme si le passage par les formateurs était une condition nécessaire pour que chercheurs et enseignants communiquent ensemble. Mais l’institution nous y contraint.
L’espace est aussi questionné en regard de la temporalité, objet suscitant un intérêt croissant chez les géographes. Les diverses échelles du chronologique sont aisément manipulables mais on ne peut pas investiguer tous les espaces. En regard de la chronogenèse, la topogénèse existe mais quid de sa réelle application à divers espaces une fois passé le cadre strict de sa définition ? La carte mentale offre des possibilités intéressantes de structuration plus souple par l’espace que par le biais de la lecture chronologique. Toujours à la croisée, l’usage des films, des photographies permet d’allier les deux dimensions pour saisir le déroulement d’un parcours, les déplacements dans l’espace, la spatialité d’échanges verbaux, le regard sur les arrière-plans…
Un enrichissant mélange permettant le dialogue sur ce concept essentiel de la géographie, des didactiques et plus encore de la didactique de la géographie.
Cher Xavier Leroux,
RépondreSupprimermerci pour ce compte rendu d'ouvrage mais je me permets de protester contre la disparition ou l'effacement que vous opérez de la nature interdisciplinaire ou pluridisciplinaire de cette publication et de ce(s) séminaire(s) de recherche méthodologique en didactique. De la même façon, vous dissociez parmi les auteur.e.s, ceux qui relèvent de la géographie, même quand ils sont qualifiés en 70e section et ceux - celle dont je suis - de cette même 70eme section du CNU, les sciences de l'éducation. C'est une démarche très étrange, comme à chaque fois qu'il y a un repli sur soi, ou sur un entre-soi.
Amicalement, en souhaitant une très bonne année 2018 à tou.te.s
Anne-Laure Le Guern
Formatrice et enseignante-chercheure
EA 7454, ACS 70e pour l'Université de Caen Normandie