Journée d’étude « Les territoires de demain (urbains et ruraux) : approche géographique et interdisciplinaire »
9 octobre 2019, INSPE de Rennes
Dans le cadre de l’événement UGI Paris-2022, la commission « Didactique, épistémologie et histoire de la géographie » est à l’initiative de la journée d’étude. Nous avons sollicité trois autres commissions pour nous associer : la commission « Géographie historique », la commission « Ville et métropolisation et la commission « Géographie rurale ». L’INSPE de Bretagne, le laboratoire ESO-Rennes (UMR ESO 6590) et le laboratoire CREAD ont collaboré pour préparer cette journée.
L’introduction récente d’une dimension prospective dans les programmes scolaires de géographie (programmes d’école primaire et collège de 2016, prochains programmes de lycées ?) questionne les pratiques d’enseignement de cette discipline. En effet, la tradition scolaire en géographie met l’accent sur la transmission de connaissances en relation avec une description/interprétation du réel étayée par les interprétations de la géographie universitaire ainsi que sur l’acquisition de méthodes (analyse de documents de diverses natures, raisonnement intégrant un changement d’échelles, expression graphique…). Or travailler en classe sur le devenir des territoires, urbains comme ruraux, suppose de se démarquer de cette tradition sur plusieurs points : penser l’horizon temporel cible et donner ainsi une plus grande place aux temporalités dans l’approche des territoires, penser en termes de scénarii et donc prendre en compte l’incertitude, donner une place à la réflexion des élèves en tant que futurs citoyens-acteurs, questionner les points d’appui pouvant servir de référence (par exemple les schémas prospectifs produits par les collectivités locales), mobiliser les avancées de la recherche universitaire en matière de prospective.
La présence de la dimension prospective dans les programmes scolaires de géographie fait écho à la place qui lui est réservée dans les recherches et travaux universitaires. Si cette démarche prospective ne représente pas une entrée majeure au sein de la discipline, elle tend cependant à occuper grandissante, à mesure que les géographes s’investissent dans des projets d’aménagement (milieu urbain, infrastructures de transport par exemple) et qu’ils prennent en charge les transitions en cours (transition démographique, urbaine, climatique, environnementale). Ce faisant, ils investissent aussi bien, dans leurs analyses des processus, les temporalités présentes, passées et futures. L’articulation entre les recherches menées dans la sphère académique avec les programmes scolaires et les modalités d’enseignement permettra de mieux saisir comment le futur peut être envisagé en géographe.
9h-9h30: accueil café
L’introduction récente d’une dimension prospective dans les programmes scolaires de géographie (programmes d’école primaire et collège de 2016, prochains programmes de lycées ?) questionne les pratiques d’enseignement de cette discipline. En effet, la tradition scolaire en géographie met l’accent sur la transmission de connaissances en relation avec une description/interprétation du réel étayée par les interprétations de la géographie universitaire ainsi que sur l’acquisition de méthodes (analyse de documents de diverses natures, raisonnement intégrant un changement d’échelles, expression graphique…). Or travailler en classe sur le devenir des territoires, urbains comme ruraux, suppose de se démarquer de cette tradition sur plusieurs points : penser l’horizon temporel cible et donner ainsi une plus grande place aux temporalités dans l’approche des territoires, penser en termes de scénarii et donc prendre en compte l’incertitude, donner une place à la réflexion des élèves en tant que futurs citoyens-acteurs, questionner les points d’appui pouvant servir de référence (par exemple les schémas prospectifs produits par les collectivités locales), mobiliser les avancées de la recherche universitaire en matière de prospective.
La présence de la dimension prospective dans les programmes scolaires de géographie fait écho à la place qui lui est réservée dans les recherches et travaux universitaires. Si cette démarche prospective ne représente pas une entrée majeure au sein de la discipline, elle tend cependant à occuper grandissante, à mesure que les géographes s’investissent dans des projets d’aménagement (milieu urbain, infrastructures de transport par exemple) et qu’ils prennent en charge les transitions en cours (transition démographique, urbaine, climatique, environnementale). Ce faisant, ils investissent aussi bien, dans leurs analyses des processus, les temporalités présentes, passées et futures. L’articulation entre les recherches menées dans la sphère académique avec les programmes scolaires et les modalités d’enseignement permettra de mieux saisir comment le futur peut être envisagé en géographe.
9h-9h30: accueil café
9h30 - 10h : Ouverture officielle de la journée
10h - 11h : "Histoire de la prospective" - Chloé Vidal, docteure en géographie ENS Lyon Directrice de recherche en Prospective et Déléguée permanente en France, Institut Destrée sur l’histoire de la prospective
11h-12h : "Le devenir du rural en France : quelles approches géographiques ?" - Monique Poulot, Professeure de géographie Université de Paris Nanterre, UMR LAVUE 7215
Après le temps de l’urbanisation triomphante et de la ville, le rural est aujourd’hui à la mode en France dans une sorte d’inversion des regards, ce dernier en venant à figurer une certaine modernité et un mieux vivre (Mathieu, 2017). Cette question du devenir du rural est complexe car elle appelle de nouvelles manières de faire de la géographie, la prospective n’étant pas la plus répandue dans les approches classiques. Elle appelle notamment le recours à plusieurs pas de temps dans une mise en perspective depuis « le grand chambardement des campagnes » (Braudel, 1986) du XXème siècle-marqué notamment par leur ouverture- jusqu’à de nouvelles remises en cause aujourd’hui tant agricoles qu’« administratives » avec une multiplication d’alternatives centrées sur le local (Morel et Le Clanche, 2018). Elle appelle aussi la mise en œuvre d’une approche systémique, certains signaux faibles de changements en cours ne pouvant s’appréhender que dans une mise en lien avec les transformations environnementales et sociétales. Elle appelle enfin la confrontation de plusieurs courants de pensée, entre légende noire et légende rose, pour aller vers des scenarii multiples. Mon propos est d’interroger ici, à l’aune du croisement de ces différentes grilles, comment penser le rural dans la France des prochaines années. Nous pointerons notamment quelques grandes tendances décelables : ainsi la difficulté de cerner la notion de rural, entre catégorie spatiale et catégorie de sens ; ainsi le retour de l’alimentation ; ainsi les innovations en matière d’agriculture en regard du changement climatique ou encore celles sociétales et d’apprentissage du vivre ensemble ; mais aussi certaines faiblesses comme l’atonie des bourgs et petites villes qui maillent et animent ces espaces ; le tout dans un lien à la ville que l’on ne peut ignorer et dans lequel s’inscrit le devenir du rural. Il ne s’agit pas d’en faire une étude exhaustive mais d’envisager sur quelques-uns de ces thèmes les outils et les méthodes qui autorisent une mise en perspective et des projections à trente ou quarante (Mora, 2008).
12h-13h30 : Pause déjeuner
13h30-14h30 : "Penser le futur d'un territoire : enjeux, difficultés et leviers pour une approche dans l'enseignement primaire et secondaire" - Christine Vergnolle Mainar (professeure des universités en géographie, Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education de Toulouse, Laboratoire GEODE UMR 5602 CNRS – Université Toulouse Jean Jaurès) et Sylvain Genevois (MCF, Géographie et Sciences de l’éducation et de la formation; INSPE de la Réunion/Laboratoire ICARE)
En rupture avec la tradition scolaire de la géographie, l’introduction récente d’une démarche prospective dans les programmes dès l’école primaire constitue une question professionnelle. Après avoir identifié les enjeux et les difficultés de ce nouvel objet scolaire, seront présentés des résultats de recherche au cours desquelles ont été testés des leviers pour l’aborder en classe. En mobilisant des démarches didactiques et pédagogiques innovantes, ces recherches visent à développer chez les élèves des capacités citoyennes en termes de construction de leur opinion, notamment par l’approche critique de situations territoriales, la rencontre avec des arguments d’acteurs du territoire et in fine la construction de scénarii prospectifs.
14h30-15h : "Alexander von Humboldt et le canal de Panama" - Laura Péaud, Maîtresse de conférences, Université Grenoble Alpes, membre du laboratoire Pacte (UMR 5194)
Entre 1799 et 1804, Alexander von Humboldt parcourt l'Amérique du Sud et en particulier l'isthme d'Amérique centrale. De ses pérégrinations et de ses conceptions géographiques, il tire une réflexion nourrie sur l'opportunité de percer un canal transocéanique entre Atlantique et Pacifique, préfigurant ainsi le canal de Panama. En faisant un détour par l'histoire de la géographie, nous questionnerons au travers de cet exemple la vision géoprospective de Humboldt et de ses contemporains, en articulant la représentation de l'aménagement dont il rêve et sa vision géographique du monde et de ce que doit être la géographie : une science visant à l'amélioration des sociétés et de leur espace.
15h-15h30 : "Chercher le futur dans le passé : de l’importance des modèles dans la conception des projets d’aménagement des territoires" - Nicola Todorov, Enseignant-chercheur, Université de Guyane, CRHXIX (EA 3550, Paris 1 et 4)
A comparer les différentes définitions données au terme d’aménagement par des auteurs se référant à contextes nationaux et historiques différents, en dépit de la variété des échelles et des acteurs auxquels ils se réfèrent, on constate la récurrence de certaines idées communes mobilisées pour définir l’aménagement. La plupart des définitions contiennent bel et bien l’idée d’actions planifiées et de prospective. L’étude des projets aménagistes suppose donc de se pencher sur les représentations de l’espace des acteurs, leurs visions sur la durée et les moyens nécessaires pour façonner l’espace. La comparaison de plusieurs projets et actions d’aménagement historiques dans des contextes géographiques différents semble faire émerger certains aspects communs. Que l’on étudie les projets d’aménagement d’un espace colonial, comme la Guyane française, la colonisation « intérieure » prussienne ou les projets élaborés dans le sillage de la conquête napoléonienne, l’importance des modèles présidant à l’élaboration des projets et politiques d’aménagement semble placer l’aménagement au cœur du concept de géographicité, entendue comme un mode d’existence de l’homme sur la Terre.
15h30-16h : Groupe de Recherche et de Ressources "Penser et imaginer les villes de demain afin de les habiter et d'en devenir des citoyens engagés. Une approche interdisciplinaire de prospective territoriale" - Magali Hardouin, Maîtresse de conférences - HDR, INSPE de Bretagne, UMR ESO/CREAD ; Isabelle Le Ferrec, formatrice à l’INSPE de Bretagne Histoire-géographie; Yves Kuster formateur à l’INSPE de Bretagne SVT et Jean-Marie Boilevin, Professeur en didactique des sciences, CREAD
Comment imaginer, bâtir et gérer la ville de demain, durable et solidaire ? Quels aménagements originaux et innovants permettraient d’atténuer voire d’effacer les déséquilibres socio-spatiaux-environnementaux présents au sein des différents espaces de la ville ? Cette problématique citoyenne est interdisciplinaire et le groupe de recherche de l’ESPE de Bretagne, « Penser et imaginer les villes de demain afin de les habiter et d'en devenir des citoyens engagés. Une approche interdisciplinaire de prospective territoriale » s’en est emparé avec l’objectif de construire une séquence interdisciplinaire sur « la ville de demain » en prenant en compte quatre impératifs : L’interdisciplinarité ; La structuration de scénarios de la ville de demain avec l’organisation de débats sur les points positifs et négatifs pour chacun d’entre eux ; L’usage pertinent et raisonné des outils numériques ; La mise en place de situations d'apprentissage « intégratrices ». Les membres du groupe sont issus de plusieurs disciplines : géographie et aménagement/urbanisme, français ; anglais ; SVT ; éducation musicale et sciences physiques.
16h-16h30: "Un exemple de prospective scolaire : une géographie concrète pour faire envisager la ville de demain" - Florian Pons, Enseignant chercheur, Collège REP Jean de Verrazane / Université de Lyon/ Université Lyon 2, UMR 5600 EVS
16h-16h30: "Un exemple de prospective scolaire : une géographie concrète pour faire envisager la ville de demain" - Florian Pons, Enseignant chercheur, Collège REP Jean de Verrazane / Université de Lyon/ Université Lyon 2, UMR 5600 EVS
A travers un projet pédagogique en géographie, mes élèves de 6e ont été placés en situation de géoprospective pour les inciter à imaginer, penser, réfléchir à la ville de demain. L’analyse du projet, qui a pris deux mois, permet de dégager des réussites et des manques sur les trois temps du projet : un état des lieux, l’élaboration de scénarios et la mise en débat de ces derniers. Le but du projet était d’ouvrir la classe sur le monde réel en connectant l’établissement au quartier, grâce notamment au lien tissé avec la mairie d’arrondissement et des partenaires extérieurs. Le fait d’être en établissement REP interroge la notion pédagogique « d’élève acteur de son travail » qui requiert des prérequis au collège, parfois non maîtrisés. Cela permet aussi de réfléchir au rapport au savoir et la possibilité d’être crédible en tant qu’acteur de l’aménagement du territoire dès le plus jeune âge.
16h30-17h : "Mobiliser la géohistoire pour dessiner les trajectoires des territoires de demain Expériences retro-prospectives autour des territoires d’eau" - Denis Mathis, Maitre de conférences, Université de Lorraine, LOTERR
Dans la mise en œuvre de projets territoriaux, et notamment dans le cadre des territoires d’eau, la géohistoire est régulièrement sollicitée et mobilisée par les acteurs institutionnels et/ou de l’aménagement. Cette commande cherche à puiser dans l’expérience du passé, un éclairage sur les aménagements et la gestion des territoires d’eau ainsi qu’à produire une histoire ou un récit. Ce récit construit a pour objectif de mobiliser les acteurs, créant solidarité et cohésion territoriale, réaffirmant des identités. La géohistoire des territoires d’eau permet de mettre en lumière les anthropo-hydrosystèmes, de dessiner des trajectoires des territoires de demain et de mettre en scène un projet « cousu main ».
17h-17h30 : Discussions
Contact : magali.hardouin@inspe-bretagne.fr