Il y a 100 ans paraissait La Terre et l’évolution humaine. Cet ouvrage de L. Febvre est resté dans la mémoire des géographes pour la notion de possibilisme mais a aussi été perçu comme une injonction visant à bien séparer les territoires de la géographie et de l’histoire. Néanmoins, les géographes n’ont jamais pu se contenter d’être les spécialistes du « cadre » de l’histoire. Régions, espaces, territoires, autant de concepts qui les ont amenés à réfléchir aux temporalités de leur évolution et de leur fonctionnement. Cette session sera consacrée à une mise en perspective historique et épistémologique de l’incorporation du temps et des temporalités dans les recherches mais aussi dans l’enseignement de la géographie.
Axe 1 : Temps, dynamiques et temporalités dans la réflexion géographique
L’incorporation de la dimension temporelle dans la réflexion géographique a été présente dès la constitution de la discipline, tant en géographie physique (évolution cyclique/ acyclique des reliefs...) qu’en géographie humaine où l’approche des genres de vie posait la question des rythmes de la vie. Les mutations de la discipline engagées depuis les années 1960 ont considérablement enrichi les objets et méthodes d’études, à travers des conceptions qui pour diamétralement opposées (nouvelle géographie objectivant l’espace par des mesures, géographie « humaniste » incorporant toute la subjectivité de l’habiter) n’en ont pas moins été confrontées aux questions des temporalités. La réflexion pourra porter sur l’évolution de l’incorporation du temps dans différents champs de la géographie. Il sera intéressant de réfléchir à la façon dont les chercheurs ont produit des représentations cartographiques (paysages, migrations...) intégrant déplacements et évolutions.
Axe 2 : Incorporer le passé dans l’enseignement de la géographie ?
Le partage entre histoire et géographie a été marqué dans l’enseignement par une injonction : ne pas faire de chronologie en géographie. Il en est résulté des pratiques qui ont beaucoup exclu les dynamiques évolutives. Néanmoins, la question de la mémoire, du patrimoine ou encore des temporalités de l’environnement, comme moyens et méthodes de lecture pour comprendre l’espace, analyser la complexité du monde sont depuis peu intégrées dans les programmes. Comment incorporer les références au passé dans l’enseignement de la géographie? Quels usages en sont faits ou devraient l’être? Ces questions pourront être abordées aussi bien par les textes officiels, les manuels que par des études sur les pratiques enseignantes.
Axe 3 : Les Nouvelles technologies changent-elles la place du temps dans la réflexion géographique?
Depuis une trentaine d’années, les technologies numériques au sens large ont permis de dépasser beaucoup des limites rencontrées. Les données n’ont jamais été aussi nombreuses et précises sur les mouvements des personnes ou des marchandises. Les outils de traitement de l’information géographique permettent le suivi en temps réel ou la réalisation de « time-laps » qui rendent facilement visualisables des parcours ou des évolutions. Ces technologies ont donné lieu à une abondante littérature méthodologique, visant à améliorer les outils. Cependant, les implications sur la manière de penser l’espace et ses dimensions temporelles ont été moins appréhendées. Pourtant de nouveaux rapports au temps semblent se dessiner, notamment avec la multiplication de travaux utilisant la modélisation à base d’agents pour comprendre et prédire des évolutions. Alors que la Time-geography a généralement été limitée à l’étude de comportements individuels, il est désormais possible d’intégrer un grand nombre d’individus en interaction. Comment ces outils, en permettant de mieux incorporer le temps, conduisent à reconstruire les savoirs géographiques ?
Les propositions de communications peuvent
être soumises en ligne
( https://www.ugiparis2022.org/en/communications-submission/29) jusqu’au 11
janvier 2022.
La réponse à votre
proposition de communication sera transmise le 21 janvier 2022.
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