Enseigner ou éduquer à l’Europe ?
Mercredi 21 Mars - 9h30 17h
Institut de Géographie de Paris - Nouvel Amphi
(191 rue St Jacques - Paris - RER Luxembourg)
Contact : Caroline Leininger-Frézal : carolinefrezal(at)wanadoo.fr
Publics ciblés : enseignant-chercheurs, doctorants, formateurs, enseignants du secondaire et du primaire.
L’Europe est un objet d’enseignement depuis la mise en place de l’histoire-géographie à la fin du XIXème siècle. L’Europe constituait alors un cadre pour l’étude des nations voisines et concurrentes. Depuis, la recherche en géographie autant que la discipline scolaire se sont profondément renouvelées sur la thématique. L’extension d’une union politique européenne pose, avec plus de vigueur, la question d’un territoire européen, de ces limites et de ces caractéristiques. Parallèlement, l’Europe est devenue un objet d’enseignement à part entière, plus ou moins stabilisé et réaliste dans le cadre de l’enseignement de l’histoire-géographie. Les enseignants ont été missionnés pour former des citoyens européens (cf le socle commun de connaissances et de compétences). Cette journée du séminaire de didactique de l’histoire-géographie propose d’explorer ces questionnements dans un dialogue entre des chercheurs en didactique de l’histoire et de la géographie et des chercheurs en géographie.
Axe 1 Vers l’émergence d’une identité européenne ?
9h30-10H30 : Quand la mondialisation devient la "toile de fond" de l'étude européenne : le risque d'une géographie scolaire aux finalités civique et identitaire affaiblies.
Hélène Béchet, doctorante de l’Université Paris 4 (enregistrement audio + diaporama)
La suppression de l'histoire-géographie comme discipline obligatoire en terminale S a
nécessité une rétractation des contenus étudiés autrefois en deux années. La mondialisation ne pouvant être éludée, la France et l'Europe sont aujourd'hui étudiées en Première sur "toile de fond de mondialisation" ce qui teinte considérablement la nature des thèmes étudiés. L'Union européenne en tant qu'espace économique prime sur l'approche politique, sociale et culturelle. La place laissée au débat émanant de cet "objet scolaire chaud" est réduite à une réflexion maintenant classique sur "Qu'est-ce que l'Europe ?". Les peuples et les hommes sont les grands absents de ce nouveau programme (étude beaucoup plus succincte des problématiques démographiques et migratoires) qui semble peu enclin à reconnaître la richesse propre à l'altérité des communautés qui composent l'UE. Le projet politique européen est survolé, les instructions officielles et les propositions des manuels ne permettent pas de donner du sens à l'enjeu citoyen inhérent au thème de l'Europe.
Le rapprochement histoire-géographie n'a pas émergé pour éviter une présentation de la construction européenne jugée trop "historique" par les concepteurs de ce nouveau programme, Certes, la mondialisation est indéniable et une clé de lecture pour la compréhension du monde actuel mais lorsqu'elle devient la matrice de toute approche territoriale l'on peut s'interroger sur l'appauvrissement d'une géographie scolaire peu encline à développer cette aspiration au "vivre ensemble" indispensable pour construire le lien social.
Voilà donc des pistes de réflexion que j'aimerais partager en m'appuyant sur mon étude des
programmes, leur élaboration (entretien avec Michel Hagnerelle), leur réception (notamment la réaction de Rémy Knafou que j'ai rencontré suite à sa tribune parue dans le Monde en réaction à ce nouveau programme) et leur traduction éditoriale (comparaison de manuels).
10H30-11h30 : Quid des positionnements réels des enseignants entre vulgate
scolaire et bricolage personnel.
Nicole Allieu-Mary, Chercheure et responsable de l’Equipe ECEGH jusqu’en 2009
Institut national de recherches pédagogiques (INRP) (enregistrement audio + diaporama)
11H30-12h30 « L’Europe » comme obstacle politique et épistémologique pour la construction européenne
Claude Grasland, Professeur des Universités en géographie, Université Paris 7 Denis
Diderot UMR 8504 Géographie-cités, Equipe P.A.R.I.S (enregistrement audio)
A partir des résultats d'un projet international sur la vision de l'Europe dans le Monde, on se propose de montrer le décalage (dissonance cognitive) entre la manière dont se perçoivent les membres de l'Union Européenne et celle dont ils sont perçus de l'extérieur. Les programmes scolaires contribuent à ce décalage, en particulier du fait de la confusion qu'ils entretiennent entre un objet politique précis (l'Union Européenne) et un objet flou et indéterminée (L'Europe). L'exposé sera fondé sur la présentation de 5 visions de l'Europe dans le Monde"9h30-10H30 : Quand la mondialisation devient la "toile de fond" de l'étude européenne : le risque d'une géographie scolaire aux finalités civique et identitaire affaiblies.
Hélène Béchet, doctorante de l’Université Paris 4 (enregistrement audio + diaporama)
La suppression de l'histoire-géographie comme discipline obligatoire en terminale S a
nécessité une rétractation des contenus étudiés autrefois en deux années. La mondialisation ne pouvant être éludée, la France et l'Europe sont aujourd'hui étudiées en Première sur "toile de fond de mondialisation" ce qui teinte considérablement la nature des thèmes étudiés. L'Union européenne en tant qu'espace économique prime sur l'approche politique, sociale et culturelle. La place laissée au débat émanant de cet "objet scolaire chaud" est réduite à une réflexion maintenant classique sur "Qu'est-ce que l'Europe ?". Les peuples et les hommes sont les grands absents de ce nouveau programme (étude beaucoup plus succincte des problématiques démographiques et migratoires) qui semble peu enclin à reconnaître la richesse propre à l'altérité des communautés qui composent l'UE. Le projet politique européen est survolé, les instructions officielles et les propositions des manuels ne permettent pas de donner du sens à l'enjeu citoyen inhérent au thème de l'Europe.
Le rapprochement histoire-géographie n'a pas émergé pour éviter une présentation de la construction européenne jugée trop "historique" par les concepteurs de ce nouveau programme, Certes, la mondialisation est indéniable et une clé de lecture pour la compréhension du monde actuel mais lorsqu'elle devient la matrice de toute approche territoriale l'on peut s'interroger sur l'appauvrissement d'une géographie scolaire peu encline à développer cette aspiration au "vivre ensemble" indispensable pour construire le lien social.
Voilà donc des pistes de réflexion que j'aimerais partager en m'appuyant sur mon étude des
programmes, leur élaboration (entretien avec Michel Hagnerelle), leur réception (notamment la réaction de Rémy Knafou que j'ai rencontré suite à sa tribune parue dans le Monde en réaction à ce nouveau programme) et leur traduction éditoriale (comparaison de manuels).
10H30-11h30 : Quid des positionnements réels des enseignants entre vulgate
scolaire et bricolage personnel.
Nicole Allieu-Mary, Chercheure et responsable de l’Equipe ECEGH jusqu’en 2009
Institut national de recherches pédagogiques (INRP) (enregistrement audio + diaporama)
11H30-12h30 « L’Europe » comme obstacle politique et épistémologique pour la construction européenne
Claude Grasland, Professeur des Universités en géographie, Université Paris 7 Denis
Diderot UMR 8504 Géographie-cités, Equipe P.A.R.I.S (enregistrement audio)
12h30-13H00 : Débat
13H00 – 14h00 : Pause déjeuner
Axe 2 De quelle Europe parlons-nous ?
14h-15h : (Dé)construction européenne et territoire,
Dominique Rivière, Professeur des Universités en géographie, l’Université Paris 7 Denis
Diderot UMR 8504 Géographie-cités, Equipe P.A.R.I.S (enregistrement audio + diaporama)
15h-16h : Originalités de quelques savoirs d'une géographie scolaire de l'Europe
Jacky Fontanabona, Chercheur associé à l’INRP jusqu’en 2008 (enregistrement audio + diaporama)
Mon intervention est ordonnancée par un parti-pris, tiré d'une expérience professionnelle et de recherches entreprises au sein de l'INRP sur l'utilisation des cartes, mais aussi sur l'innovation en classe de géographie. Les savoirs scolaires ne peuvent pas et ne doivent pas être le seul reflet de savoirs produits par l'Université, les agences d'aménagement, ou le grand public, Ils ont, leurs propres finalités civiques et sociales, pour des élèves qui sont à un âge particulier de leur vie.
Cette intervention ne prétend pas être un panorama des savoirs scolaires français, qu'ils soient majoritaires ou innovants. Elle tente de montrer comment des professeurs ont pris en charge ces finalités et les caractères propres d'une situation "d'enseignement/apprentissage". Elle analyse comment ils ont tenté d'élaborer avec leurs élèves, les savoirs géographiques qui leur paraissaient pertinents, à propos d'un objet géographique, l'Europe.
16h- 17h00 : Débat
En complément de ce programme, voici d'ores et déjà quelques références et liens Internet concernant les travaux de recherche des intervenants :
Bibliographie -Sitographie
- Didelon C., Grasland C. and Richard Y. (2008), Atlas de l’Europe dans le Monde, CNRS-GDRE S4 / Documentation Française, Paris, 260 p
- Grasland Claude (2004), "Les inégalités régionales dans une Europe élargie" ,in Chavance B. (Ed), Les incertitudes du grand Èlargissement : L’Europe centrale et balte dans l’intégration européenne, L’Harmattan, Paris, 181-214.
- Rivière Dominique (2004), L'Italie - Des régions à l'Europe, U Géographie, Armand Colin
- Baron Myriam, Cunningham-Sabot Emmanuèle, Grasland Claude, Rivière Dominique, Van Hamme Gilles (2010), Villes et régions européennes en décroissance : maintenir la cohésion territoriale, Octobre 2010, 346p.
- Rivière Dominique (2008), « Le Traité de Lisbonne remet-il l’Europe « sur les rails » ? », EchoGéo, Sur le vif 2008, 15 avril 2008, http://echogeo.revues.org/4013
- Hélène Béchet (2006), Le vieillissement de la population européenne, Population & Avenir n° 677 (mars-avril 2006)
Recherche INRP : "Enseigner l’Europe et enjeux citoyens", équipe ECEHG – Enjeux Contemporains de l’Enseignement de l’Histoire-Géographie, INRP (Lyon) :
http://ecehg.inrp.fr/ECEHG/europe/enseigner-l-europe
- Allieu-Mary Nicole (2009), Enseigner l'Europe aujourd'hui, c'est enseigner un objet incertain, dossier du Café pédagogique
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/05/Allieu-Mary_EnseignerEurope.aspx
http://ecehg.inrp.fr/ECEHG/pdf/enseigner-leurope-un-objet-incertain
- Allieu-Mary Nicole (2007), L’éducation à la citoyenneté européenne, dépassement du roman national ? (Journées des 8 et 9 octobre 2007 portant sur « Mémoires, histoire, identités (2) : l’histoire nationale face à la concurrence des mémoires »).
http://ecehg.inrp.fr/ECEHG/europe/enseigner-l-europe/depassement-roman-national/view
- Grataloup Christian, Une géohistoire de l'Europe (Journée d'étude "Enseigner l’Europe et la construction citoyenne", académie d'Amiens)
http://histoire-geo-ec.ac-amiens.fr/?Une-geo-histoire-de-l-Europe
- Fontanabona Jacky, La classe d’histoire- géographie entre enseignement d’un objet scolaire et éducation à la citoyenneté (Journée d'étude "Enseigner l’Europe et la construction citoyenne", académie d'Amiens)
http://histoire-geo-ec.ac-amiens.fr/?La-classe-d-histoire-geographie
- Enseignement de l’Europe et construction citoyenne, formation de formateurs INRP (31 janvier-1er février 2009) - Nombreuses ressources des intervenants à télécharger
http://ecehg.inrp.fr/ECEHG/europe/enseigner-l-europe/depassement-roman-national/view
Ressources pédagogiques
- Dans le cadre du projet Eurobroadmap, 11 équipes de recherche issues de pays différents ont travaillé sur la place et la perception de l'Europe dans le monde. Les résultats de ces recherches sont disponibles sous la forme de cartes mentales disponibles sur le site Subjective Mapper
- Dans le prolongement de ce projet a été créé un outil pédagogique : le site Terra In-Cognita vise à mettre à disposition le matériel cartographique produit, afin de "créer un lien concret et durable entre le monde de la recherche universitaire en géographie et les enseignants du secondaire dans cette discipline". Animé par Arnaud Brennetot et Clarisse Didelon, ce site propose de nombreuses fiches d'activités pédagogiques en lien avec les programmes scolaires. Les propositions sont intéressantes et originales : à partir de cartes et d'anamorphoses accompagnées de documents très variés, il s'agit de décrypter les visions et les représentations mentales sur la notion de continent et d'européanité.
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