Journée d’études du collectif ApprEs (Caen, mercredi 16 juin 2021)
C’est depuis les limites, les confins et peut-être les marges que cette deuxième journée d’études du collectif ApprEs se propose d’interroger les rapports entre espaces et apprentissages. Il s’agit de comprendre comment des espaces qui ne sont pas particulièrement ou pas spécifiquement conçus et équipés pour être utilisés à des fins d’apprentissages scolaires peuvent néanmoins tenir lieu d’école.
Il peut s’agir :
- de temps d’apprentissage en dehors des salles de classe : couloirs, cours, usages d’espaces proches (jardins, parcs, forêts, promenades sensibles, déambulations urbaines, etc.) ou liés à des mobilités d’enfants/adolescent.e.s entre divers lieux scolaires et non scolaires (dispositifs d’inclusion scolaire par exemple) ;
- de séjours en structures d’accueil (classe découverte, classe verte, etc.) ;
- d’ateliers ou autres dispositifs « apprenants » développés dans le cadre des politiques éducatives locales, de politiques de développement territorial ou dans des structures dont la fonction principale n’est pas scolaire (« l’école en prison », l’école pour les enfants hospitalisés en soins de longue durée, etc.) ;
- d’initiatives militantes liées à des mobilisations diverses selon les territoires et les pays (mouvements de soutien aux paysans sans terre, soutien aux familles en situation migratoire illégale, pédagogie sociale, etc.).
Quel que soit le cas de figure, comment les élèves apprennent-ils et qu’apprennent-ils dans ces espaces non initialement et/ou non spécifiquement dédiés aux apprentissages ? Qu’est-ce qui produit « de l’école » ou cet « effet d’école » alors même que quelque chose dans le tableau ne cadre pas avec l’image commune de l’école ? Comment, comme chercheur, comme praticien-chercheur ou praticien réflexif, montrer cette école qui se fait dans des espaces autres que celui de la salle de classe ? Comment ces espaces deviennent riches en termes d’apprentissages précisément parce qu’ils ne sont pas des espaces « scolaires » ? Qu’il s’agisse de projets soutenus ou financés par des institutions, de programmes militants ou d’initiatives individuelles plus modestes, que les décalages créés paraissent modestes ou soient radicalement opérés, que les initiateurs s’inscrivent dans des mouvances pédagogiques ou qu’ils revendiquent le tâtonnement et le bricolage, ce qui nous intéressera sera le mouvement, le déplacement, l’intervention ; ce en quoi ces « régimes spatiaux » changent quelque chose aux apprentissages ou aux regards sur les apprentissages.
Pour plus de renseignements : pascal.clerc(at)cyu.fr
Intervenants Claire de Saint Martin (Maîtresse de conférences, Cergy-Paris Université)
L’espace scénique, un espace miracle d’apprentissages ?
Depuis 1998, une association d’éducation populaire située dans le Giussani, en Corse, propose des formations artistiques et travaille particulièrement avec des classes sur l’organisation de projets artistiques dans le cadre scolaire. Les élèves passent un ou plusieurs séjours dans le Giussani, séjours au cours desquels ils s’initient à la pratique théâtrale, conçoivent une œuvre artistique qui est finalement restituée publiquement. Quels effets produit la découverte d’un nouvel espace, l’espace scénique, au travers d’une activité collective, le théâtre ? La scène facilitet-elle les apprentissages ? Lesquels ? Suffit-il de changer d’espace d’apprentissage pour favoriser ceux-ci ?
Moïna Fauchier-Delavigne (Auteure et journaliste, spécialiste de l’éducation dans la nature)
Au Danemark, on fait classe aussi en forêt
En 2018, dans 20% des maternelles, les enfants passent de trois à cinq heures par jour en nature. Cette pratique existe depuis les années 50 et ne fait plus débat depuis longtemps. Le nombre de ces écoles augmentent et la demande dépasse encore l'offre. Les enfants y sont dehors en toute saison, en mouvement, et jouissent d'une grande marge de liberté. Qu'apporte ce cadre et cette façon d'accompagner les apprentissages ?
Clarissa Figueira (Doctorante, Cergy-Paris Université)
Faire école en mouvement social : regard sur l'expérience du Mouvement des travailleurs ruraux
Sans Terre du Brésil C'est à la marge que le mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre a fait de l'école sa centralité. Mouvement social de petits agriculteurs revendiquant l'accès à la terre depuis 37 ans, cette organisation a investi et construit l'éducation en tant qu'élément structurant. Cette communication propose de réfléchir cette pédagogie à partir de leur expérience et d'un de leurs espaces, un campement situé dans l'état du Minas Gérais.
Laurent Ott (Pédagogue social, Directeur de Intermèdes Robinson)
Apprendre hors les murs, en Pédagogie sociale Intermèdes
Robinson propose un mode d'éducation et d'apprentissages non formels à travers un programme d'ateliers socioéducatifs "de rue", qui se déroulent directement sur les lieux de vie des enfants et familles, dont la relation aux institutions est brouillée, ou difficile. A partir ce cette expérience, nous théorisons en quoi un positionnement "hors institution" est nécessaire pour s'adapter à la crise sociétale actuelle.
Sébastien Pesce, (Professeur, Université d’Orléans)
L’école de la Neuville hors la classe… et sans l’école : les voyages en Europe
L’école de la Neuville se transplante une fois par an dans une ville européenne pour un voyage dont la préparation structure largement le programme culturel et pédagogique du groupe tout au long de l’année. Chaque séjour constitue une expérience extrême pour un projet dont le fondement consiste précisément, durant l’année, à faire vivre un “milieu de vie institutionnalisé“ dont tout le reste (activités, responsabilités, organisations, modes d’apprentissage) découle. Que se passe-t-il quand le collectif se voit privé de ce milieu, et qu’il faut réinventer, chaque année, des institutions ad hoc, ajustées au format du voyage ? Comment le groupe revisite les dispositifs qui conditionnent cette entreprise consistant à “faire l’école“ ? Finalement que raconte le voyage, décrit par les adultes comme une épure du projet institutionnel, de ce qu’est essentiellement cette école ?
La troupe AVEN SAVORE, née à l’initiative d’Intermèdes Robinson et composée de jeunes issus de bidonvilles ou de quartiers populaires présentera un spectacle pendant la journée
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire