Le Grand Palais accueille une exposition du 18 janvier au 17 février 2012 : il s'agit de 16 plans-reliefs de villes françaises du XVIIe au XIXe siècle. Ces plans-reliefs, maquettes historiques de villes fortifiées, constituent un ensemble commencé sous Louis XIV à partir de 1668 et enrichi jusqu’en 1873. Fabriquées dans un premier temps pour des besoins militaires, ces maquettes au 1/600 permettaient, à travers la représentation des fortifications et de leurs environs, de préparer minutieusement les opérations de guerre.
En France c'est Louis XIV qui imposa les plans en relief pour représenter les points stratégiques qu'étaient les villes frontières (Strasbourg, Besançon, Grenoble, Brest...) : véritables plans en 3D avant la lettre, ils permettaient d'évaluer les failles en défense. Ces maquettes sont devenues de plus en plus grandes, au fur et à mesure de l'accroissement de la portée des canons (la plus grande, celle de Cherbourg, atteint 160 m2).
Cette exposition est la première réalisée par la Maison de l’histoire de France, avec le concours de la Réunion des Musées Nationaux–Grand Palais et le partenariat scientifique du musée des Plans-reliefs. Elle s’inscrit dans la mission première de la Maison de l’histoire de France qui est de porter à la connaissance d’un large public le patrimoine historique français. L'exposition ne manque pas d'anecdotes et d'aspects ludiques, comme cet habile jeu de miroirs qui démultiplie les perspectives, tandis que des longues vues permettent au visiteur de se prendre pour Napoléon perché sur une colline !
Pour l'occasion,un site a été spécifiquement créé sur Internet : http://www.lafranceenrelief.fr
Outre des explications et des repères historiques, il est possible d'y télécharger des fichiers en 3D pour affichage dans Google Earth. Une interface Google Maps permet de visualiser les données à télécharger. Tous les plans ne sont pas disponibles, mais on a déjà de bons aperçus.
Voyage immersif à travers la "Liquid Galaxy" présentée par Google (les modèles 3D des plans en relief ont été rendus dans Google Sketch-up) :
Voyons maintenant ce que cela donne dans Google Earth, par exemple pour le port de Saint-Tropez
Ou pour la ville de Strasbourg :
Avec un degré de résolution assez élevé qui permet d'avoir une vue précise des bâtiments :
Sur le même site, il est possible d'avoir accès à des vues paysagères permettant des comparaisons avec aujourd'hui. Par exemple, une estampe montrant un embarquement au port de Brest et le port moderne complètement reconstruit après la deuxième guerre mondiale (voir la source) :
La cartographie numérique ouvre une nouvelle vie pour ces plans-relief dont certains ont près de 500 ans, c'est-à-dire bien avant l'invention de la carte d'Etat-major ! « Cartes en trois dimensions », les plans-reliefs ont nécessité, dès les commencements, l’utilisation des meilleurs systèmes cartographiques.
Pour tout savoir sur les relevés de terrain, l'échelle choisie, les matériaux utilisés pour la maquette, nous vous conseillons d'aller voir cette mise au point très intéressante sur les techniques de réalisation.
Un dossier pédagogique (fichier PDF) est mis à disposition pour les enseignants avec des pistes d'activités par niveau de classe.
Emission Planète Terre (France Inter) consacrée au thème "La France mise en relief : le choix des cartes" accompagnée d'un billet de Globe donnant un petit historique des expositions de cartes de France IGN géantes.
Extraits de l'émission :
4 m 20 s
"Cette cartographie, qu'elle soit plane ou en relief, est née par les militaires pour les besoins de la fortification. Elle est apparue avec la fortification bastionnée à partir du début du XVIe siècle où pour la première fois, pour des besoins défensifs, les ingénieurs militaires qui concevaient ces fortifications avaient besoin d'appréhender mentalement non seulement les fortifications elles-mêmes, mais aussi le territoire environnant des villes, puisque tout était calculé en fonction des portées de tirs d'artillerie. Et là contrairement à ce qui se passait au Moyen Age, on avait vraiment besoin d'inscrire les fortifications dans leur territoire, et donc par là-même de cartographier ce territoire, pour en avoir une représentation pour concevoir ces fortifications. Donc d'abord une cartographie morcelée de plans de ville, après une cartographie un peu plus large de région, et après, mais beaucoup plus tardivement, une cartographie générale de la France...
L'échelle qui a été choisie, 1 pied pour 100 toises soit environ 1/600e, permettait de représenter à la fois l'ensemble des fortifications, les bâtiments et les façades, à l'intérieur des villes, mais aussi la campagne environnante."
5 m 45 s
"On a l'impression de voir les mosaïques établies par l'IGN dans les années 1980 avec les premières images transmises par les satellites Landsat américains d'observation de la Terre. C'est une carte qui date du milieu du XIXe, qui a la particularité d'être un assemblage des dessins originaux qui étaient en fait des aquarelles réalisées par les officiers d'Etat-major qui portaient les couleurs conventionnelles (le vert pour les forêts, le bleu pour l'hydrographie, le rouge pour le bâti, le noir pour le relief). Ce sont d'une part des oeuvres d'art, d'autre part elles sont d'une richesse beaucoup plus grande que l'authentique carte d'état-major qui va en être dérivée puisque, à l'époque, on ne savait pas imprimer en couleur. Les cartes imprimées à partir de ces originaux vont être en noir et blanc, et donc perdre ce qui était jusqu'au XIXe siècle réservé aux reines et aux rois pour lesquels on coloriait les cartes de Cassini qui étaient de la génération précédente, c'est-à-dire du XVIIIe siècle...
Il y a un traitement uniforme pour l'ensemble de la France à l'échelle du 1/ 40 000e. Mais au départ les environs de Paris avaient été traités à l'échelle du 1/ 10 000e, donc beaucoup plus détaillé, quatre fois plus détaillé. Sauf qu'on s'est aperçu que cela allait prendre beaucoup de temps et coûter beaucoup d'argent. Dans un 2e temps, on a fait des levers au 1/ 20 000e sur les frontières de l'est, puisque c'est là que l'ennemi était à nos portes. Et puis dans un 3e temps, pour arriver à terminer la France dans un délai raisonnable, on a passé tout au 1 / 40 000e. Le résultat est là sous nos yeux : 25 mètres de Strasbourg à Brest et 25 m de Dunkerque à Perpignan. C'est la première fois qu'on assemble ces documents du XIXe siècle... Aujourd'hui on peut visionner toutes ces cartes et survoler le territoire en 3D sur le Géoportail, c'est assez impressionnant..."
16 mn 30 s
Quand on se promène sur la carte d'état-major, on constate un écart entre l'état des fortifications et l'état du réseau ferré qui lui date plutôt de la fin du XIXe, alors que la topographie peut être du début du XIXe siècle...
C'est comme cela qu'il y a une représentation de Paris sans fortifications, sur une carte levée et dessinée vers 1820 (les fortifs datent de 1840). Par contre on voit le chemin de fer de petite ceinture, qui fait le tour de la ville de Paris de l'époque, qui lui a été construit dans la réalité après les fortifications... Pour faire la mise à jour des cuivres, on a reporté l'information ferrée sur les dessins originaux qui ont permis ensuite aux graveurs de faire la mise à jour partielle des cartes qui allaient être imprimées et diffusées à un grand nombre d'exemplaires... Cette anecdote illustre une chose bien connue : toute carte est une représentation et ce n'est pas parce que c'est représenté que c'est vrai."
20 mn 10 s
"Ces plans-relief étaient accompagnés de mémoires qui décrivaient avec précision les formes des champs, la nature des cultures, les forêts qui étaient potentiellement une réserve importante mais aussi là où une armée attaquante pouvait se dissimuler. Toutes ces informations sur l'agriculture, sur la topographie, sur les cours d'eau est figurée minutieusement aussi pour des besoins stratégiques (il fallait nourrir l'armée)."
25 mn 05 s
"Après avoir numérisé les plans en relief (ceux de l'exposition et ceux de la Maison des plans-relief), ils ont intégré ces plans numérisés en 3D dans Google earth... Ce qui est déroutant, c'est que les plans-relief ont été incrustés sur la carte du territoire français actuel. C'est totalement anti-scientifique, mais en même temps c'est très pédagogique ! Ce qui est assez magique dans Google earth, en superposant des cartes historiques et des cartes récentes, c'est que chacun peut faire sa carte. La différence entre la carte d'état-major, les vieilles cartes et aujourd'hui, c'est que chacun choisit son échelle, choisit sa thématique, superpose des informations et peut être complètement acteur de la géographie et ne plus être contraint par une légitimité de commanditaire, mais être soi-même son commanditaire selon ses propres besoins... Autrement dit la géographie, ça servait d'abord à faire la guerre, comme disait Yves Lacoste et on le voit bien dans cette exposition. Aujourd'hui on dirait que la géographie, ça sert à faire sa propre France. "
"Appréhender mentalement non seulement les fortifications elles-mêmes, mais aussi le territoire environnant des villes" : vue de Srasbourg et de son plan pays
entete
DE LA RECHERCHE A LA FORMATION
Nous avons créé ce blog dans l'intention de faire connaître les travaux de recherche en didactique de la géographie. Notre objectif est également de participer au renouveau de cette discipline, du point de vue de ses méthodes, de ses contenus et de ses outils. Plus globalement nous espérons que ce site permettra d'alimenter les débats et les réflexions sur l'enseignement de l'histoire-géographie, de l'école à l'université. (voir notre manifeste)
Nous avons créé ce blog dans l'intention de faire connaître les travaux de recherche en didactique de la géographie. Notre objectif est également de participer au renouveau de cette discipline, du point de vue de ses méthodes, de ses contenus et de ses outils. Plus globalement nous espérons que ce site permettra d'alimenter les débats et les réflexions sur l'enseignement de l'histoire-géographie, de l'école à l'université. (voir notre manifeste)
vendredi 20 janvier 2012
mardi 17 janvier 2012
Sensibiliser les jeunes à l'architecture et à l'environnement urbain
Le Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et Environnement (CAUE) de Paris, la Mission démocratie locale de la Ville de Paris et le Pavillon de l'Arsenal vous invitent à participer à la seconde édition du cycle de petites leçons de ville.
De février à juin 2012, le CAUE organise des soirées. Chaque soirée abordera, en 2 heures, une dimension de ces espaces urbains en s'appuyant sur une introduction théorique, la présentation d'un aménagement parisien emblématique et l'analyse d'un exemple local, porté par les habitants.
Petites leçons de ville (2012) :
Au programme :
- Ville & Morphologie
Jeudi 16 février
Jeudi 16 février
- Ville & Pratiques
Jeudi 15 mars
- Ville & Ambiance
Jeudi 12 avril
- Ville & Paysage
Jeudi 31 mai
- Ville & Convivialité
Jeudi 14 juin
Voir les petites leçons de ville de l'année 2011. Des vidéos sont disponibles sur de nombreux thème (la rue, la berge, le jardin, le logement, l'art urbain, la friche) :
jeudi 12 janvier 2012
Utiliser les TICE en géo cycle 3
Enseigner la géographie au moyen des TICE, apprendre l'usage des TICE en travaillant en géographie.
A Digne (04), les enseignants et formateurs de l'école annexe IUFM se sont lancés dans la construction d'un outil innovant "prêt à l'emploi" pour apprendre la géographie au cycle 3 tout en travaillant les compétences du B2i.
Les supports utilisés sont tous numériques, hébergés sur un blog dédié. L'ensemble est utilisé dans les classes de cycle 3 depuis la rentrée ; une dizaine de séances, réparties sur deux thèmes du programme (l'eau, les climats) sont mises en ligne à ce jour. Les séances sur les villes seront publiées au cours des semaines à venir.
Un exemple de séance en ligne ici : http://formation.eklablog.fr/l-eau-seance-1-a3970520
Voici ce que nous disions en septembre :
http://formation.eklablog.fr/geographie-au-cycle-3-ensemble-complet-d-activites-en-ligne-a4004750. Depuis nous avons ajusté certaines pratiques, notamment du fait de nos connexions internet poussives. Google Maps sera à l'avenir privilégié car il passe bien sur le navigateur Chrome.
Les enfants montrent de l'intérêt pour cette façon différente de travailler ; les compétences "TICE" occupent beaucoup de temps au début, puis peu à peu le contenu disciplinaire redevient l'objet central d'apprentissage. Les familles et les enfants peuvent revenir de chez eux sur les activités proposées.
Les séances sont à la libre disposition de chacun et le respect des mentions légales y est la règle.
Contact : elem.digne.annexe@ac-aix-marseille.fr
Mercredi 11 janvier 14h
16h15
Salle 405 Institut de géographie
(191 rue St Jacques métro Luxembourg)
L’histoire-géographie face aux
changements passés, présents et à venir
Etudier et comprendre des situations et événements sociaux, un impensé de la géographie scolaire ?
François Audigier, ancien Professeur, Université de Genève (UNIGE),
Responsable de l’équipe ERDESS
Responsable de l’équipe ERDESS
Quelles que soient les définitions plus précises de la
géographie, celle-ci gravite autour des relations entre les sociétés et l’espace, les territoires. Si une attention forte a été et est accordée aux outils d’analyse spatiale, la même attention n’est guère portée aux outils, concepts et catégories, utilisés pour analyser une société. Or, la géographie scolaire, avec ses compagnes que sont l’histoire et l’éducation à la citoyenneté, est au premier rang des disciplines scolaires qui transmettent ces outils. De fait, cette transmission est le plus souvent très implicite, voire cachée. Dans cette intervention, j’interroge cette discrétion… notée il y a déjà plus de trente ans par Christian Grataloup dans un article d’Espace-Temps. Les
relations de la géographie scolaire avec l’Éducation en vue du développement durable font rebondir à nouveau ce problème.
Réformer l'enseignement géographique pour transformer le monde : les propositions des années 1860
Pascal Clerc, Maitre de conférences, Université de Lyon –
IUFM, UMR Géographie-cités, équipe E.H.GO
Au cours des années 1860, quelques réformateurs proposent une transformation de l’enseignement de la géographie. Ce projet est fondé sur la mise en place d’une géographie plus utile à l’action dans le monde. Ce moment d’histoire de l’enseignement permet de réfléchir à la place de la géographie dans le système éducatif, aux acteurs, aux lieux de production de savoirs, aux résistances au changement.
Voir le compte-rendu
dimanche 8 janvier 2012
La géographie : concepts, savoirs et enseignements
Vient de paraître
CR de lecture (Sylvain Genevois)
Cet ouvrage de géographie est novateur à plus d'un titre. D'abord par la diversité des thèmes abordés (géographie du développement, des frontières, de l'environnement, de la mondialisation....) et surtout par la composition pluri-catégorielle de ses auteurs (professeurs de collège-lycée, formateurs IUFM, enseignants-chercheurs, professeurs de classes préparatoires...). La principale originalité, et ce n'est pas sans lien avec la diversité de cette équipe, réside dans le projet qui l'anime :
"L'ambition de ce manuel est de proposer une introduction à la géographie et à son enseignement. Il ne s'agit pas de donner une définition restreinte de la discipline ou de réaliser une présentation complète de ses différents champs. [...] L'objectif est d'ouvrir des pistes qui permettent de (re)tisser des liens entre les réflexions développées par les géographes anciens et contemporains et les approches actuelles de la géographie dans les collèges et les lycées."(Introduction, p. 6).
Le pari n'avait rien d'évident, eu égard aux dissensions qui ont longtemps opposé les géographes et surtout à l'éloignement grandissant de la géographie universitaire (oserait-on dire "savante") par rapport à la géographie scolaire (ou "enseignée", mais on enseigne aussi cette discipline dans le supérieur). Comme le voulait Philippe Pinchemel, il s'agit bien d'une tentative pour "ré-unifier la géographie", pour synthétiser ses différentes approches, pour rapprocher ses différents modes et ses différents degrés d'enseignements (noter le pluriel du titre) envisagés comme un TOUT : de l'école à l'université, quels que soient les objets, les démarches et les postures (de la géographie "science des lieux " à la géographie "science des sociétés dans l'espace").
Introduction (Philippe Sierra)
La géographie n’est pas finie
Pourquoi et comment utiliser ce manuel ?
Première partie - Qu’est-ce que la géographie ?
1 - Éléments d’histoire de la géographie (Philippe Sierra)
2 - La géographie dans le champ des connaissances (Alexis Sierra)
3 - Les rapports avec l’histoire : de l’histoire-géo à la géohistoire (Géraldine Djament-Tran)
4 - L’évolution de l’enseignement de la géographie en France (Anne Hertzog, Philippe Sierra)
Deuxième partie - Les savoirs, les grands thèmes enseignés
5 - la planète habitée (Anne Hertzog, Frank Paris, Olivier Perret)
6 - La planète urbanisée (Anne-Claire Kurzac-Souali, Alexis Sierra)
7 - Humanité et développement durable (Yanni Gunnell, François Mialhe)
8 - Territoires et ressources : aux défis de l’eau et de l’alimentation (Yanni Gunnell, Philippe Sierra)
9 - Gérer les espaces terrestres (Céline Pierdet, François Saur)
10 - Approches de la mondialisation (Géraldine Djament-Tran, David Goeury, Serge Weber)
11 - Étudier les territoires (Fabrice Bourcelot, Lucile Medina, Anne Péné-Annette, Alexis Sierra, Philippe Sierra)
Troisième partie - Les pratiques
12 - Utiliser les outils et documents géographiques (Pierre Délias, Philippe Sierra)
13 - Conduire des analyses géographiques (David Goeury, Philippe Sierra)
14 - Produire de la géographie : croquis, composition et étude de cas (Sarah Akacha, Pierre Délias, Olivier Perret, Philippe Sierra)
Conclusion (Philippe Sierra)
Annexe 1 : La géographie à l’oral du Capes externe d’histoire-géographie : l’épreuve sur dossier
Annexe 2 : Quelques géographes du XXe siècle
Sierra, Philippe (dir), La géographie : concepts, savoirs et enseignements, coll. U, Armand Colin, 2011.
Auteurs
L’ouvrage a été dirigé par Philippe SIERRA, professeur d’histoire-géographie au lycée Raymond Naves de Toulouse.
Y ont collaboré Sarah AKACHA (lycée Simone-de-Beauvoir, Garges-lès-Gonesse), Fabrice BOURCELOT (lycée de La Queue-Lez-Yvelines), Pierre DÉLIAS (collège Camille-Claudel, Saint-Pierre-du-Perray), Géraldine DJAMENT-TRAN (université de Strasbourg), David GOEURY (lycée Descartes, Rabat), Yanni GUNNELL (université Lyon II), Anne HERTZOG (université de Cergy-Pontoise-IUFM Versailles), Anne-Claire KURZAC-SOUALI (lycée Descartes, Rabat – Centre Jacques Berque, CNRS), Lucile MÉDINA (université Montpellier III), François MIALHE (université Paris VII-Diderot), Frank PARIS (lycée Thiers, Marseille), Anne PÉNÉ-ANNETTE (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), Olivier PERRET (collège Camille-Claudel, Saint-Pierre-du-Perray), Céline PIERDET (université de Compiègne), François SAUR (lycée Simone-de-Beauvoir, Garges-lès-Gonesse), Alexis SIERRA (université de Cergy-Pontoise-IUFM Versailles), Serge WEBER (université Paris Est-Marne-la-Vallée).
Y ont collaboré Sarah AKACHA (lycée Simone-de-Beauvoir, Garges-lès-Gonesse), Fabrice BOURCELOT (lycée de La Queue-Lez-Yvelines), Pierre DÉLIAS (collège Camille-Claudel, Saint-Pierre-du-Perray), Géraldine DJAMENT-TRAN (université de Strasbourg), David GOEURY (lycée Descartes, Rabat), Yanni GUNNELL (université Lyon II), Anne HERTZOG (université de Cergy-Pontoise-IUFM Versailles), Anne-Claire KURZAC-SOUALI (lycée Descartes, Rabat – Centre Jacques Berque, CNRS), Lucile MÉDINA (université Montpellier III), François MIALHE (université Paris VII-Diderot), Frank PARIS (lycée Thiers, Marseille), Anne PÉNÉ-ANNETTE (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), Olivier PERRET (collège Camille-Claudel, Saint-Pierre-du-Perray), Céline PIERDET (université de Compiègne), François SAUR (lycée Simone-de-Beauvoir, Garges-lès-Gonesse), Alexis SIERRA (université de Cergy-Pontoise-IUFM Versailles), Serge WEBER (université Paris Est-Marne-la-Vallée).
Cet ouvrage de géographie est novateur à plus d'un titre. D'abord par la diversité des thèmes abordés (géographie du développement, des frontières, de l'environnement, de la mondialisation....) et surtout par la composition pluri-catégorielle de ses auteurs (professeurs de collège-lycée, formateurs IUFM, enseignants-chercheurs, professeurs de classes préparatoires...). La principale originalité, et ce n'est pas sans lien avec la diversité de cette équipe, réside dans le projet qui l'anime :
"L'ambition de ce manuel est de proposer une introduction à la géographie et à son enseignement. Il ne s'agit pas de donner une définition restreinte de la discipline ou de réaliser une présentation complète de ses différents champs. [...] L'objectif est d'ouvrir des pistes qui permettent de (re)tisser des liens entre les réflexions développées par les géographes anciens et contemporains et les approches actuelles de la géographie dans les collèges et les lycées."(Introduction, p. 6).
L'ouvrage se divise en trois grandes parties. La première partie tente de répondre à la question maintes fois posées : "Qu'est-ce que la géographie ?". Dans une perspective épistémologique, il s'agit de retracer les grandes étapes de l'histoire de la géographie et de la replacer dans le champ des connaissances, entre sciences sociales et sciences de la nature, sans éluder les débats importants qui ont pu la traverser (la place à accorder à la géographie physique, la chorématique et ses remises en cause, les rapports avec la géohistoire). Point intéressant : les auteurs intègrent l'enseignement de la géographie comme une composante essentielle de cette matière scientifique, montrant à quel point l'école a contribué à institutionnaliser cette discipline et à s'interroger sur ses finalités qui ont d'ailleurs pu évoluer selon les époques : faire simplement découvrir le monde ? mieux le faire comprendre ? mais quel monde enseigner ?
La deuxième partie est consacrée toute entière aux "savoirs géographiques". Les thématiques proposées (la planète habitée, l'urbanisation, le développement durable, les ressources, la mondialisation, les territoires...) sont rapprochées des questions actuellement abordées dans l'enseignement secondaire : l'habiter, la métropolisation, l'éducation au développement durable, les ressources énergétiques, la mondialisation et ses territoires. On mesure ainsi à quel point l'écart s'est réduit. Certains enseignants de collège-lycée s'en réjouiront, d'autres ne manqueront pas d'y voir la confirmation de l'emprise durable de l'enseignement supérieur sur la définition des contenus de la géographie scolaire ! Sur le plan didactique et épistémologique, cela permet de mesurer les savoirs de référence directement passés dans l'enseignement, ceux qui font l'objet d'adaptation, d'arrangement voire de déformation pour être transposés au niveau secondaire (par exemple la question du développement en Cinquième réorientée vers la notion de "mode durable de développement", alors qu'il s'agit pour certains géographes d'un moyen d'imposer un mode de développement aux pays du Sud). Les mises au point scientifiques sont en tout cas claires et efficaces. Chaque chapitre se termine par un très utile "zoom enseignement" qui rattache le thème abordé aux programmes scolaires et montre la manière dont ceux-ci l'abordent selon un angle spécifique en fonction du niveau de classe, de l'organisation des savoirs et des exigences du curriculum.
La troisième partie est, pour ce qui nous concerne, la plus intéressante puisqu'elle est tournée vers les pratiques et l'enseignement de la géographie. Elle présente les outils utilisés par les géographes et ceux utilisables en classe, en laissant une place importante aux méthodes et aux savoir-faire (lecture et construction de cartes, utilisation de photos aériennes et d'images satellitales, traitement de données statistiques, usage de l'outil informatique). Sur les TICE, on aurait aimé une réflexion plus approfondie qui dépasse les précautions habituelles en matière d'usages critiques et raisonnés des différents outils (mais sans doute les auteurs manquaient-ils de place pour développer une réflexion plus poussée). La sortie de terrain et l'analyse de paysage sont traitées de manière assez complète : on aurait envie d'en savoir plus sur les outils qui permettent d'instrumenter ces pratiques (outils de géolocalisation et de géovisualisation pour préparer et exploiter la sortie de terrain ou construction d'hyperpaysages par exemple). Les pratiques cartographiques sont présentées principalement sous l'angle des techniques de lecture et de la production de cartes et de croquis, sans mettre en correspondance les outils de cartographie numérique qui permettent de les consulter ou de les réaliser (mais les programmes scolaires eux-mêmes ne facilitent pas toujours cette mise en cohérence des familles d'outils, des familles d'usages et des types d'activités pédagogiques).
Au total voici un ouvrage à conseiller aux enseignants et aux futurs enseignants, notamment dans la perspective de la préparation au CAPES. C'est dans ce sens que figure en annexe une présentation de la nouvelle épreuve sur dossier qui inclut des questionnements didactiques et épistémologiques. Mais ce serait vraiment réduire la portée de cet ouvrage que d'en faire un simple outil de préparation aux concours. Il semble que l'on ait affaire à une entreprise novatrice et courageuse (donc à saluer) visant à refonder le lien entre les différentes géographies (vernaculaire, savante, enseignée...). Les auteurs ont le mérite d'avoir su jeter un pont entre la géographie universitaire et la géographie scolaire : puisse ce lien continuer à vivre et à se renforcer...
Parmi les quelques regrets que l'on peut formuler (on en a toujours), il y a peut-être l'ambiguïté du public cible : l'ouvrage s'adresse-t-il aux enseignants ou aux étudiants ? Aux deux peut-être. Mais du coup on s'y perd parfois entre ce qui relèverait de conseils à des étudiants géographes voulant se destiner à l'enseignement et ce qui pourrait constituer une véritable réflexion sur les liens à (re)tisser entre géographie scolaire et géographie universitaire. Beaucoup de points seraient intéressants à prolonger et à discuter dans la perspective d'une épistémologie des savoirs scolaires. Comment se fabriquent les savoirs scolaires en géographie ? Comment circulent-ils et se transforment-ils au contact des différents pôles de la géographie ? Quelles sont les démarches que l'on pourrait partager (et que l'on partage déjà en partie) sur le raisonnement géographique, sur l'approche multi-scalaire, sur le statut et le rôle de l'information géographique (numérique) ?
A différents moments, les auteurs montrent à quel point la géographie enseignée reste prisonnière du raisonnement inductif. L'introduction de l'étude de cas, telle qu'elle est conçue dans les instructions officielles et parfois pratiquée dans les classes, ne permet pas toujours d'en sortir. Il n'est pas sûr non plus que l'enseignement de la mondialisation au niveau secondaire permette de déboucher sur une véritable approche géohistorique, permettant de tisser des liens renforcés entre géographie et histoire (la mondialisation est enseignée en classe de Quatrième et de Terminale, mais l'élargissement du monde à la Renaissance en Seconde). Quid enfin de ces "territoires de proximité" ou "territoires du quotidien" (nouveau programme de Première) qui n'ont rien à voir avec le territoire proche ou local... mais doivent servir seulement à "étudier un projet d'aménagement dans la région où se situe le lycée" ?? Encore du chemin à parcourir... et des liens à tisser.
Au total voici un ouvrage à conseiller aux enseignants et aux futurs enseignants, notamment dans la perspective de la préparation au CAPES. C'est dans ce sens que figure en annexe une présentation de la nouvelle épreuve sur dossier qui inclut des questionnements didactiques et épistémologiques. Mais ce serait vraiment réduire la portée de cet ouvrage que d'en faire un simple outil de préparation aux concours. Il semble que l'on ait affaire à une entreprise novatrice et courageuse (donc à saluer) visant à refonder le lien entre les différentes géographies (vernaculaire, savante, enseignée...). Les auteurs ont le mérite d'avoir su jeter un pont entre la géographie universitaire et la géographie scolaire : puisse ce lien continuer à vivre et à se renforcer...
Parmi les quelques regrets que l'on peut formuler (on en a toujours), il y a peut-être l'ambiguïté du public cible : l'ouvrage s'adresse-t-il aux enseignants ou aux étudiants ? Aux deux peut-être. Mais du coup on s'y perd parfois entre ce qui relèverait de conseils à des étudiants géographes voulant se destiner à l'enseignement et ce qui pourrait constituer une véritable réflexion sur les liens à (re)tisser entre géographie scolaire et géographie universitaire. Beaucoup de points seraient intéressants à prolonger et à discuter dans la perspective d'une épistémologie des savoirs scolaires. Comment se fabriquent les savoirs scolaires en géographie ? Comment circulent-ils et se transforment-ils au contact des différents pôles de la géographie ? Quelles sont les démarches que l'on pourrait partager (et que l'on partage déjà en partie) sur le raisonnement géographique, sur l'approche multi-scalaire, sur le statut et le rôle de l'information géographique (numérique) ?
A différents moments, les auteurs montrent à quel point la géographie enseignée reste prisonnière du raisonnement inductif. L'introduction de l'étude de cas, telle qu'elle est conçue dans les instructions officielles et parfois pratiquée dans les classes, ne permet pas toujours d'en sortir. Il n'est pas sûr non plus que l'enseignement de la mondialisation au niveau secondaire permette de déboucher sur une véritable approche géohistorique, permettant de tisser des liens renforcés entre géographie et histoire (la mondialisation est enseignée en classe de Quatrième et de Terminale, mais l'élargissement du monde à la Renaissance en Seconde). Quid enfin de ces "territoires de proximité" ou "territoires du quotidien" (nouveau programme de Première) qui n'ont rien à voir avec le territoire proche ou local... mais doivent servir seulement à "étudier un projet d'aménagement dans la région où se situe le lycée" ?? Encore du chemin à parcourir... et des liens à tisser.
Plan de l'ouvrage
Introduction (Philippe Sierra)
La géographie n’est pas finie
Pourquoi et comment utiliser ce manuel ?
Première partie - Qu’est-ce que la géographie ?
1 - Éléments d’histoire de la géographie (Philippe Sierra)
2 - La géographie dans le champ des connaissances (Alexis Sierra)
3 - Les rapports avec l’histoire : de l’histoire-géo à la géohistoire (Géraldine Djament-Tran)
4 - L’évolution de l’enseignement de la géographie en France (Anne Hertzog, Philippe Sierra)
Deuxième partie - Les savoirs, les grands thèmes enseignés
5 - la planète habitée (Anne Hertzog, Frank Paris, Olivier Perret)
6 - La planète urbanisée (Anne-Claire Kurzac-Souali, Alexis Sierra)
7 - Humanité et développement durable (Yanni Gunnell, François Mialhe)
8 - Territoires et ressources : aux défis de l’eau et de l’alimentation (Yanni Gunnell, Philippe Sierra)
9 - Gérer les espaces terrestres (Céline Pierdet, François Saur)
10 - Approches de la mondialisation (Géraldine Djament-Tran, David Goeury, Serge Weber)
11 - Étudier les territoires (Fabrice Bourcelot, Lucile Medina, Anne Péné-Annette, Alexis Sierra, Philippe Sierra)
Troisième partie - Les pratiques
12 - Utiliser les outils et documents géographiques (Pierre Délias, Philippe Sierra)
13 - Conduire des analyses géographiques (David Goeury, Philippe Sierra)
14 - Produire de la géographie : croquis, composition et étude de cas (Sarah Akacha, Pierre Délias, Olivier Perret, Philippe Sierra)
Conclusion (Philippe Sierra)
Annexe 1 : La géographie à l’oral du Capes externe d’histoire-géographie : l’épreuve sur dossier
Annexe 2 : Quelques géographes du XXe siècle
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