Sierra, Philippe (dir), La géographie : concepts, savoirs et enseignements, coll. U, Armand Colin, 2011.
Auteurs
L’ouvrage a été dirigé par Philippe SIERRA, professeur d’histoire-géographie au lycée Raymond Naves de Toulouse.
Y ont collaboré Sarah AKACHA (lycée Simone-de-Beauvoir, Garges-lès-Gonesse), Fabrice BOURCELOT (lycée de La Queue-Lez-Yvelines), Pierre DÉLIAS (collège Camille-Claudel, Saint-Pierre-du-Perray), Géraldine DJAMENT-TRAN (université de Strasbourg), David GOEURY (lycée Descartes, Rabat), Yanni GUNNELL (université Lyon II), Anne HERTZOG (université de Cergy-Pontoise-IUFM Versailles), Anne-Claire KURZAC-SOUALI (lycée Descartes, Rabat – Centre Jacques Berque, CNRS), Lucile MÉDINA (université Montpellier III), François MIALHE (université Paris VII-Diderot), Frank PARIS (lycée Thiers, Marseille), Anne PÉNÉ-ANNETTE (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), Olivier PERRET (collège Camille-Claudel, Saint-Pierre-du-Perray), Céline PIERDET (université de Compiègne), François SAUR (lycée Simone-de-Beauvoir, Garges-lès-Gonesse), Alexis SIERRA (université de Cergy-Pontoise-IUFM Versailles), Serge WEBER (université Paris Est-Marne-la-Vallée).
Y ont collaboré Sarah AKACHA (lycée Simone-de-Beauvoir, Garges-lès-Gonesse), Fabrice BOURCELOT (lycée de La Queue-Lez-Yvelines), Pierre DÉLIAS (collège Camille-Claudel, Saint-Pierre-du-Perray), Géraldine DJAMENT-TRAN (université de Strasbourg), David GOEURY (lycée Descartes, Rabat), Yanni GUNNELL (université Lyon II), Anne HERTZOG (université de Cergy-Pontoise-IUFM Versailles), Anne-Claire KURZAC-SOUALI (lycée Descartes, Rabat – Centre Jacques Berque, CNRS), Lucile MÉDINA (université Montpellier III), François MIALHE (université Paris VII-Diderot), Frank PARIS (lycée Thiers, Marseille), Anne PÉNÉ-ANNETTE (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), Olivier PERRET (collège Camille-Claudel, Saint-Pierre-du-Perray), Céline PIERDET (université de Compiègne), François SAUR (lycée Simone-de-Beauvoir, Garges-lès-Gonesse), Alexis SIERRA (université de Cergy-Pontoise-IUFM Versailles), Serge WEBER (université Paris Est-Marne-la-Vallée).
Cet ouvrage de géographie est novateur à plus d'un titre. D'abord par la diversité des thèmes abordés (géographie du développement, des frontières, de l'environnement, de la mondialisation....) et surtout par la composition pluri-catégorielle de ses auteurs (professeurs de collège-lycée, formateurs IUFM, enseignants-chercheurs, professeurs de classes préparatoires...). La principale originalité, et ce n'est pas sans lien avec la diversité de cette équipe, réside dans le projet qui l'anime :
"L'ambition de ce manuel est de proposer une introduction à la géographie et à son enseignement. Il ne s'agit pas de donner une définition restreinte de la discipline ou de réaliser une présentation complète de ses différents champs. [...] L'objectif est d'ouvrir des pistes qui permettent de (re)tisser des liens entre les réflexions développées par les géographes anciens et contemporains et les approches actuelles de la géographie dans les collèges et les lycées."(Introduction, p. 6).
L'ouvrage se divise en trois grandes parties. La première partie tente de répondre à la question maintes fois posées : "Qu'est-ce que la géographie ?". Dans une perspective épistémologique, il s'agit de retracer les grandes étapes de l'histoire de la géographie et de la replacer dans le champ des connaissances, entre sciences sociales et sciences de la nature, sans éluder les débats importants qui ont pu la traverser (la place à accorder à la géographie physique, la chorématique et ses remises en cause, les rapports avec la géohistoire). Point intéressant : les auteurs intègrent l'enseignement de la géographie comme une composante essentielle de cette matière scientifique, montrant à quel point l'école a contribué à institutionnaliser cette discipline et à s'interroger sur ses finalités qui ont d'ailleurs pu évoluer selon les époques : faire simplement découvrir le monde ? mieux le faire comprendre ? mais quel monde enseigner ?
La deuxième partie est consacrée toute entière aux "savoirs géographiques". Les thématiques proposées (la planète habitée, l'urbanisation, le développement durable, les ressources, la mondialisation, les territoires...) sont rapprochées des questions actuellement abordées dans l'enseignement secondaire : l'habiter, la métropolisation, l'éducation au développement durable, les ressources énergétiques, la mondialisation et ses territoires. On mesure ainsi à quel point l'écart s'est réduit. Certains enseignants de collège-lycée s'en réjouiront, d'autres ne manqueront pas d'y voir la confirmation de l'emprise durable de l'enseignement supérieur sur la définition des contenus de la géographie scolaire ! Sur le plan didactique et épistémologique, cela permet de mesurer les savoirs de référence directement passés dans l'enseignement, ceux qui font l'objet d'adaptation, d'arrangement voire de déformation pour être transposés au niveau secondaire (par exemple la question du développement en Cinquième réorientée vers la notion de "mode durable de développement", alors qu'il s'agit pour certains géographes d'un moyen d'imposer un mode de développement aux pays du Sud). Les mises au point scientifiques sont en tout cas claires et efficaces. Chaque chapitre se termine par un très utile "zoom enseignement" qui rattache le thème abordé aux programmes scolaires et montre la manière dont ceux-ci l'abordent selon un angle spécifique en fonction du niveau de classe, de l'organisation des savoirs et des exigences du curriculum.
La troisième partie est, pour ce qui nous concerne, la plus intéressante puisqu'elle est tournée vers les pratiques et l'enseignement de la géographie. Elle présente les outils utilisés par les géographes et ceux utilisables en classe, en laissant une place importante aux méthodes et aux savoir-faire (lecture et construction de cartes, utilisation de photos aériennes et d'images satellitales, traitement de données statistiques, usage de l'outil informatique). Sur les TICE, on aurait aimé une réflexion plus approfondie qui dépasse les précautions habituelles en matière d'usages critiques et raisonnés des différents outils (mais sans doute les auteurs manquaient-ils de place pour développer une réflexion plus poussée). La sortie de terrain et l'analyse de paysage sont traitées de manière assez complète : on aurait envie d'en savoir plus sur les outils qui permettent d'instrumenter ces pratiques (outils de géolocalisation et de géovisualisation pour préparer et exploiter la sortie de terrain ou construction d'hyperpaysages par exemple). Les pratiques cartographiques sont présentées principalement sous l'angle des techniques de lecture et de la production de cartes et de croquis, sans mettre en correspondance les outils de cartographie numérique qui permettent de les consulter ou de les réaliser (mais les programmes scolaires eux-mêmes ne facilitent pas toujours cette mise en cohérence des familles d'outils, des familles d'usages et des types d'activités pédagogiques).
Au total voici un ouvrage à conseiller aux enseignants et aux futurs enseignants, notamment dans la perspective de la préparation au CAPES. C'est dans ce sens que figure en annexe une présentation de la nouvelle épreuve sur dossier qui inclut des questionnements didactiques et épistémologiques. Mais ce serait vraiment réduire la portée de cet ouvrage que d'en faire un simple outil de préparation aux concours. Il semble que l'on ait affaire à une entreprise novatrice et courageuse (donc à saluer) visant à refonder le lien entre les différentes géographies (vernaculaire, savante, enseignée...). Les auteurs ont le mérite d'avoir su jeter un pont entre la géographie universitaire et la géographie scolaire : puisse ce lien continuer à vivre et à se renforcer...
Parmi les quelques regrets que l'on peut formuler (on en a toujours), il y a peut-être l'ambiguïté du public cible : l'ouvrage s'adresse-t-il aux enseignants ou aux étudiants ? Aux deux peut-être. Mais du coup on s'y perd parfois entre ce qui relèverait de conseils à des étudiants géographes voulant se destiner à l'enseignement et ce qui pourrait constituer une véritable réflexion sur les liens à (re)tisser entre géographie scolaire et géographie universitaire. Beaucoup de points seraient intéressants à prolonger et à discuter dans la perspective d'une épistémologie des savoirs scolaires. Comment se fabriquent les savoirs scolaires en géographie ? Comment circulent-ils et se transforment-ils au contact des différents pôles de la géographie ? Quelles sont les démarches que l'on pourrait partager (et que l'on partage déjà en partie) sur le raisonnement géographique, sur l'approche multi-scalaire, sur le statut et le rôle de l'information géographique (numérique) ?
A différents moments, les auteurs montrent à quel point la géographie enseignée reste prisonnière du raisonnement inductif. L'introduction de l'étude de cas, telle qu'elle est conçue dans les instructions officielles et parfois pratiquée dans les classes, ne permet pas toujours d'en sortir. Il n'est pas sûr non plus que l'enseignement de la mondialisation au niveau secondaire permette de déboucher sur une véritable approche géohistorique, permettant de tisser des liens renforcés entre géographie et histoire (la mondialisation est enseignée en classe de Quatrième et de Terminale, mais l'élargissement du monde à la Renaissance en Seconde). Quid enfin de ces "territoires de proximité" ou "territoires du quotidien" (nouveau programme de Première) qui n'ont rien à voir avec le territoire proche ou local... mais doivent servir seulement à "étudier un projet d'aménagement dans la région où se situe le lycée" ?? Encore du chemin à parcourir... et des liens à tisser.
Au total voici un ouvrage à conseiller aux enseignants et aux futurs enseignants, notamment dans la perspective de la préparation au CAPES. C'est dans ce sens que figure en annexe une présentation de la nouvelle épreuve sur dossier qui inclut des questionnements didactiques et épistémologiques. Mais ce serait vraiment réduire la portée de cet ouvrage que d'en faire un simple outil de préparation aux concours. Il semble que l'on ait affaire à une entreprise novatrice et courageuse (donc à saluer) visant à refonder le lien entre les différentes géographies (vernaculaire, savante, enseignée...). Les auteurs ont le mérite d'avoir su jeter un pont entre la géographie universitaire et la géographie scolaire : puisse ce lien continuer à vivre et à se renforcer...
Parmi les quelques regrets que l'on peut formuler (on en a toujours), il y a peut-être l'ambiguïté du public cible : l'ouvrage s'adresse-t-il aux enseignants ou aux étudiants ? Aux deux peut-être. Mais du coup on s'y perd parfois entre ce qui relèverait de conseils à des étudiants géographes voulant se destiner à l'enseignement et ce qui pourrait constituer une véritable réflexion sur les liens à (re)tisser entre géographie scolaire et géographie universitaire. Beaucoup de points seraient intéressants à prolonger et à discuter dans la perspective d'une épistémologie des savoirs scolaires. Comment se fabriquent les savoirs scolaires en géographie ? Comment circulent-ils et se transforment-ils au contact des différents pôles de la géographie ? Quelles sont les démarches que l'on pourrait partager (et que l'on partage déjà en partie) sur le raisonnement géographique, sur l'approche multi-scalaire, sur le statut et le rôle de l'information géographique (numérique) ?
A différents moments, les auteurs montrent à quel point la géographie enseignée reste prisonnière du raisonnement inductif. L'introduction de l'étude de cas, telle qu'elle est conçue dans les instructions officielles et parfois pratiquée dans les classes, ne permet pas toujours d'en sortir. Il n'est pas sûr non plus que l'enseignement de la mondialisation au niveau secondaire permette de déboucher sur une véritable approche géohistorique, permettant de tisser des liens renforcés entre géographie et histoire (la mondialisation est enseignée en classe de Quatrième et de Terminale, mais l'élargissement du monde à la Renaissance en Seconde). Quid enfin de ces "territoires de proximité" ou "territoires du quotidien" (nouveau programme de Première) qui n'ont rien à voir avec le territoire proche ou local... mais doivent servir seulement à "étudier un projet d'aménagement dans la région où se situe le lycée" ?? Encore du chemin à parcourir... et des liens à tisser.
Plan de l'ouvrage
Introduction (Philippe Sierra)
La géographie n’est pas finie
Pourquoi et comment utiliser ce manuel ?
Première partie - Qu’est-ce que la géographie ?
1 - Éléments d’histoire de la géographie (Philippe Sierra)
2 - La géographie dans le champ des connaissances (Alexis Sierra)
3 - Les rapports avec l’histoire : de l’histoire-géo à la géohistoire (Géraldine Djament-Tran)
4 - L’évolution de l’enseignement de la géographie en France (Anne Hertzog, Philippe Sierra)
Deuxième partie - Les savoirs, les grands thèmes enseignés
5 - la planète habitée (Anne Hertzog, Frank Paris, Olivier Perret)
6 - La planète urbanisée (Anne-Claire Kurzac-Souali, Alexis Sierra)
7 - Humanité et développement durable (Yanni Gunnell, François Mialhe)
8 - Territoires et ressources : aux défis de l’eau et de l’alimentation (Yanni Gunnell, Philippe Sierra)
9 - Gérer les espaces terrestres (Céline Pierdet, François Saur)
10 - Approches de la mondialisation (Géraldine Djament-Tran, David Goeury, Serge Weber)
11 - Étudier les territoires (Fabrice Bourcelot, Lucile Medina, Anne Péné-Annette, Alexis Sierra, Philippe Sierra)
Troisième partie - Les pratiques
12 - Utiliser les outils et documents géographiques (Pierre Délias, Philippe Sierra)
13 - Conduire des analyses géographiques (David Goeury, Philippe Sierra)
14 - Produire de la géographie : croquis, composition et étude de cas (Sarah Akacha, Pierre Délias, Olivier Perret, Philippe Sierra)
Conclusion (Philippe Sierra)
Annexe 1 : La géographie à l’oral du Capes externe d’histoire-géographie : l’épreuve sur dossier
Annexe 2 : Quelques géographes du XXe siècle
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