LEROUX X, JANSON
A., MALCZYK B., HORRENBERG A. (2011) Géographie
à vivre. Schiltigheim : Accès éditions.
Les éditions Accès proposent depuis deux ans une série de manuels intitulés
Géographie à vivre à destination des classes de cycle 3 (CE2, CM1, CM2). Ces
manuels répondent à une double aspiration didactique et scientifique.
Didactique d’une part, parce qu’il s’agit
d’accompagner les enseignants de cycle 3 dans la mise en œuvre des programmes
sur lesquels ils ont reçu peu de directives, les documents d’accompagnement ayant
été publiés en janvier 2012 soit quatre ans après les programmes.
Scientifique ensuite parce qu’il y a une volonté de renouveler
la géographie scolaire traditionnellement descriptive et vidalienne pour
prendre en compte le tournant spatial des années 1980-1990. « La géographie a bien changé. Elle n’est plus
cette des longs inventaires de capitales, sommets, longueurs de fleuves et
autres départements. Elle a dépassé le stade des rapports homme-nature pour se
consacrer désormais à l’étude de l’organisation des espaces par les sociétés
humaines », p. 8.
Le projet est donc ambitieux. La qualité de la réflexion et de la production doitvent être soulignées. Il semble, au regard de son succès dans les
formations continues proposées aux professeurs des écoles, répondre aux
attentes du corps d’inspection et du corps professoral. Il est vrai que cette
série de manuels propose une lecture
cohérente, organisée et structurée du programme de cycle 3 en géographie.
Ces manuels s’organisent donc en modules thématiques facilement programmables
puisqu’ils correspondent à une période chacun (intervalle de temps entre deux
vacances scolaires). La planification thématique s’articule à une progression
méthodologique des apprentissages. Le CE2 est orienté vers la description de
paysage à l’aide de photographies, la production de croquis de paysage et le
repérage dans l’espace par le biais de plan et de cartes. En CM1, les élèves
travaillent, à l’aide de documents plus variés (tableau statistique, plan etc.),
sur la comparaison et la répartition des phénomènes étudiés. Ils commencent à
réaliser des productions graphiques (cartes et schémas). L’année de CM2 est
consacrée à l’étude des organisations spatiales.
Bien que pas toujours lisible (trop petits), le corpus de documents proposé
est varié et son utilisation a été pensée dans la progression proposée. Cela
reflète la volonté de travailler des savoir-faire variés, en s’appuyant des
différentes techniques avec des approches multiscalaires.
Néanmoins cette entreprise soulève deux réserves.
La première est éthique et déontologique. Cette série de manuels proposent
des séquences clés en main aux enseignants. Ce sont des manuels hybrides :
ce ne sont ni des manuels à destination des élèves, ni des manuels du maître. Un
manuel traditionnel propose des activités et du cours mais l’enseignant doit
opérer un travail d’appropriation qui est l’expression de sa liberté
pédagogique. Les manuels Géographie à
vivre prennent en charge l’intégralité du travail de l’enseignant. Certes,
cela est rassurant pour des enseignants souvent dépourvus de formation
disciplinaire approfondie en géographie. Rien n’empêche chaque enseignant
d’adapter les séquences et les séances proposées. Néanmoins, ces adaptations sont marginales,
parce que les enseignants sont désarmés. Cela pose la question de la liberté
pédagogique de l’enseignant.
La seconde réserve s’inscrit dans le champ didactique. Il y a une véritable
volonté d’innovation dans ces manuels. Néanmoins, on peut regretter que la
réflexion didactique ne soit pas toujours poussée jusqu’au bout et que dans des
approches innovantes, surgissent des éléments de vulgate très classique. Par exemple, le chapitre sur la lecture de
paysage en CE2 amène à réfléchir à la diversité des paysages, à leur évolution,
à leur échelle, ce qui permet de dépasser l’appréhension souvent simpliste et
réaliste de ce qu’est un paysage. De plus, des liens intéressants sont faits
avec le cours de français. On ne peut que souscrire à l'interdiciplinarité. A côté de cela le manuel propose une méthodologie
d’analyse de la photographie en la découpant par plan, ce qui reste très
classique et relativement moins efficace qu’un découpage par unités paysagères
par exemple. C’est une pratique fortement ancrée dans la culture scolaire dont
la plus-value en terme d’apprentissages est faible, voire nulle en soi. Les
auteurs ont simplement reproduit là des pratiques en cours. Ils mobilisent par ailleurs la technique de croquis de paysage.
D’une manière générale, les auteurs semblent avoir une vision construite et
réfléchie de la géographie savante qu’ils souhaitent transposer dans ce manuel. Ils parviennent à impulser des réflexions épistémologiques en cycle 3 autour de la carte ou du paysage.
Remarquable. Néanmoins, les modalités et les finalités de transposition ne semblent pas toujours complètement abouties. On ne peut qu'inviter aux auteurs à aller plus loin. Quelle géographie
voulons-nous défendre à l'école ? Quelles sont les finalités de cet
enseignement ? Quelle praxis est-il nécessaire de mettre en place dans le cadre de cet enseignement ? Ces questions dépassent le
cadre même d’un manuel scolaire.
Pour conclure, cette série de manuels est une proposition innovante et originale très utile pour les enseignants. On ne peut qu'appeler les auteurs à continuer dans cette voie.
Ce qu'en disent :
Café pédagogique
Les Clionautes
Enseignants du primaire
Pour conclure, cette série de manuels est une proposition innovante et originale très utile pour les enseignants. On ne peut qu'appeler les auteurs à continuer dans cette voie.
Ce qu'en disent :
Café pédagogique
Les Clionautes
Enseignants du primaire
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