Le colloque du CIST 2023 s’intitule
cette année « Apprendre le territoire. Enseigner le territoire ». La
session A intitulée « Géographie scolaire et territoires. Enseigner les
territoires dans les écoles primaires et secondaires : enjeux et
problèmes. Approches internationales » portait sur la didactique de la
géographie.
Cette session a mis en lumière
l’enseignement du territoire au primaire. Anne-Cécile
Ott a d’abord montré à partir de sa
recherche doctorale que les élèves ont des représentations du monde riches
qu’elle classe autour de trois idéaux types : le monde du quotidien, la
représentation du monde dans ses grandes divisions et le monde comme lieu de
l’Humanité. En miroir à ces représentations riches, Benoit
Bunnik a montré que la pauvreté des pratiques d’enseignement de la
géographie à l’école primaire. Les professeurs des écoles ne prennent que peu
en compte l’expérience spatiale des élèves, voire postulent que les élèves
n’ont pas ou peu de pratiques spatiales alors même que les programmes de
géographie au primaire reposent essentiellement sur une géographie
herméneutique en prise avec les pratiques spatiales des élèves. Les professeurs
des écoles restent souvent à un enseignement du territoire administratif de la
France.
Dans le secondaire, tout comme
dans le primaire, les mailles administratives du territoire français sont peu présentes
dans les programmes scolaires y compris à l’échelle urbaine ce qui amène Gabriel Bideau
à postuler que l’absence des notions d’intercommunalité et de décentralisation
nuit à l’enseignement du territoire. Jean-Pierre Bellanger a étudié plus
spécifiquement les adaptations des programmes pour les territoires ultramarins.
Il a montré que quel que soit le territoire concerné, les aménagements dans les
programmes sont pensés sur le même modèle, les études de cas ont pour seule
spécificité d’être régionales. Les élèves ne sont pas invités à se positionner.
Il n’existe pas de manuels scolaires. Les enseignants s’organisent dans les
aires régionales pour construire des ressources mais les approches développées
pour enseigner les territoires ultramarins restent majoritairement classiques. Dans
la même veine,
Cédric Naudet montre dans sa
recherche doctorale, qu’il existe une forme disciplinaire dominante en
géographie scolaire qui est déterritorialisée. Son propos rejoint le constat de
Gabriel Bideau sur la faible présence du territoire dans les programmes. Il constate
également que les manuels présentent une vision désincarnée du territoire qui
se retrouve dans les pratiques d’enseignement observées.
L’ensemble des communications qui
s’inscrivent dans le contexte français montre que la prise en compte des
logiques actorielles est grandement absente des programmes scolaires français
et des pratiques d’enseignement. A l’inverse, Magdalena Moreno
a montré qu’en Argentine, la réforme du système éducatif a conduit à une
modification profonde de la géographie scolaire. La géographie scolaire
descriptive de la première moitié du XXème siècle a laissé place à une
géographie sociale et critique qui vise à développer l’esprit critique des
élèves. Les débats sociaux comme ceux qui entourent le genre ou les migrations
ont leur place dans la classe. Les territoires sont par exemple appréhendés en
prenant en compte la manière dont le genre impact l’enseignement de la fabrique
territoriale.
Pour dépasser les difficultés à
enseigner le territoire Julie Maurice a développé une ingénierie didactique dans
le cadre d’une recherche collaborative menée au sein du groupe BD Géo à l’Irems de Paris. Les
élèves sont amenés par le prisme d’une approche expérientielle à créer des BD
pour cerner les enjeux du territoire.
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